Ce lundi 19 août, un séminaire portant sur la France en 2025 marquait la rentrée du gouvernement. À cette occasion, le président Hollande avait chargé ses ministres d’imaginer l’évolution de leur domaine de compétences.
Un article du Point dévoile certaines copies, dont celle de la ministre de l’Égalité des territoires et du Logement Cécile Duflot. On y lit une vision plus qu’optimiste, la garantie d’un avenir radieux grâce à des mesures qui, pour certaines, ne sont pas encore adoptées.
Dans son texte intitulé France 2025 – contribution du Ministère de l’Égalité des territoires et du Logement, Madame Duflot consacre plusieurs pages à l’écologie, « l’autre nom du progrès ». Son plaidoyer mêle souhaits et programme, enrichis de « propositions pour aller plus loin ».
Sa vision de la prochaine décennie prête à sourire, tant les améliorations annoncées proviennent de mesures à peine mises en place (encadrement des loyers) ou pas encore votées car appartenant au projet de loi ALUR.
Ainsi, la Garantie Universelle des Loyers, qui pourrait entrer en vigueur en 2016 « sera regardée comme une avancée sociale majeure ».
De même, « la politique ainsi poursuivie aura permis de créer les 6 millions de logements construits jusqu’en 2025 ». Cette allégation implique toutefois de respecter pendant les 12 prochaines années le nombre prévu de 500 000 constructions annuelles, loin d’être atteint en 2013.
Enfin, « insalubrité et indécence n’auront plus leur place parmi les qualificatifs attribués au logement ».
Il est normal de se montrer confiant dans les mesures que l’on propose et bien sûr, nous souhaitons tous comme Cécile Duflot que « chacun dispose d’un toit et d’un environnement de qualité ». De là à affirmer que ce sera chose faite en 2025...
Ce type de prospective est un exercice courant. En 2010, la ville de Nantes alors sous la férule de Jean-Marc Ayrault, avait invité ses habitants à imaginer leur quotidien en 2030. On peut comprendre les objectifs d’une telle opération de participation citoyenne : provoquer les débats, lister les problèmes, identifier les besoins et, au passage, montrer son dynamisme et sa volonté de bien faire.
Le gouvernement a-t-il voulu reproduire cet exercice de style à l’échelle nationale ? Ici pourtant, on ne donne pas la parole au citoyen, on ne fait que lui promettre des jours meilleurs.
Malheureusement, formuler des vœux pieux ne suffit pas à construire un bel avenir. Le progrès vient certes d’une analyse des manques et des faiblesses de la société actuelle, mais imaginer un futur devenu prospère grâce aux mesures que l’on veut faire adopter paraît peu productif... S’il est important de regarder loin devant pour tenir un cap, ajustons d’abord notre longue-vue et gardons-nous du chant des sirènes.
En réponse à cette vision un peu guimauve des ministres, le commissaire général à la stratégie et à la prospective Jean Pisany-Ferry prévoit une France « plus vieille, plus petite et moins riche » mais qui, tout de même, sera « mieux formée, encore excellemment équipée et potentiellement attractive ».
Alors que l’opposition voit dans ce séminaire une simple opération de communication, Jean-Marc Ayrault y lit la volonté de tracer le destin de la France.
Ceci dit, le mandat du président François Hollande s’arrête en 2017. L’État du pays en 2025 dépendra également de son successeur. Combien de nos dirigeants actuels feront alors partie de ce riant avenir ?