Dans certains immeubles neufs, quelques municipalités, dont celle de Puteaux, obligent les promoteurs à construire plus de 50 % de l'immeuble en trois, quatre et cinq pièces. Une manière de fidéliser les habitants et leur électorat.
Le neuf reste cependant très marginal dans ces tailles par rapport au parc ancien ou récent. A Paris comme dans de nombreuses métropoles régionales, le parc immobilier récent est composé de petites surfaces qui se sont toujours mieux vendues ou louées que les grandes. Certaines superficies généreuses, apparues sous le baron Haussmann, ont même été divisées en deux. Résultat : l'offre d'appartements entre 110 et 200 mètres carrés, s'amenuise et, logiquement, les prix restent fermes.
Un marché étroit et sélectif
S'agissant du parc immobilier de la capitale et des grandes métropoles, les professionnels savent que les grandes surfaces sont en minorité, occupant souvent moins de 16 % du parc. Encore faut-il distinguer les appartements familiaux classiques ne dépassant guère les 200 mètres carrés et les appartements de luxe qui peuvent aller bien au-delà mais ne s'adressent pas à la même clientèle. Le segment de marché est donc très étroit d'autant qu'il obéit à des critères très précis.
« Il faut désormais une séparation entre les pièces de jour et les pièces de nuit, constate Emmanuel Ducasse, directeur des expertises parisiennes au Crédit Foncier. Les chambres ne doivent pas être commandées les unes par les autres, mais les salles de bains et salles d'eau doivent être multipliées. Ce qui se rencontre dans les appartements neufs ou récents mais non dans l'ancien, où l'on se trouve souvent dans un schéma de pièces de réception avec galerie d'entrée et un grand couloir desservant des petites chambres. »
« Les acquéreurs ne veulent plus de place perdue. Bien souvent ils raisonnent en nombre de chambres comme en Angleterre. Peu importe que cette pièce ne serve pas de chambre, mais de bureau, l'essentiel est qu'elle occupe une place à part entière », commente Jean-Philippe Roux, de l'agence Knight Frank.
Au confort intérieur doit s'ajouter un confort extérieur comme celui procuré par les ascenseurs ou les parkings. La présence d'un ascenseur est indispensable pour une famille nombreuse. Même si les grandes et moyennes surfaces assurent la livraison des denrées alimentaires, personne ne se précipite pour monter les bagages, la poussette... L'appartement en étage élevé qui n'offre pas ce service ne trouve pas preneur. Pour le parking, l'analyse est plus complexe. Il y a les inconditionnels du garage en dessous de l'immeuble et ceux qui abandonnent la voiture au profit des taxis, TGV et avions. Se dessine toutefois une nouvelle solution : le scooter pour les parents ou les enfants. Il n'exige pas une place de parking, mais un abri proche pour échapper au vandalisme...
Par ailleurs, une localisation proche de bonnes écoles est plus que jamais pour les familles avec enfants nombreux un critère essentiel. Enfin, trouver un bien en bon état fait également de plus en plus partie des exigences. « Auparavant, on achetait un bien avec travaux à la clef. Actuellement, même si la TVA sur travaux est à 5,5 %, il n'est plus question de faire un «coup» pour revendre dans quelque temps. Les familles achètent pour habiter et non pour spéculer », explique Jean-Philippe Roux.