Guillaume Kasbarian nommé ministre délégué chargé du Logement

Guillaume Kasbarian : enfin un ministre pour le secteur immobilier

Par Groupe Logisneuf, le 14/02/2024 14:59
Mis à jour le 27/02/2024 15:47
Le nouveau ministre délégué au Logement trouvera-t-il une solution à la crise du secteur ?

L’annonce s’est fait attendre pendant près d’un mois, au grand dam des professionnels de l’immobilier. Son nom circulait parmi les éventuels « ministrables » ; c’est désormais officiel depuis le 8 février 2024 : Guillaume Kasbarian est nommé ministre délégué chargé du logement dans le nouveau gouvernement Attal. Il succède à ce poste à Patrice Vergriete, désormais à la tête du ministère du transport. Ce choix a suscité des réactions mitigées au sein du secteur immobilier et des associations. Alors que certains saluent cette nomination comme une opportunité de renforcer la politique du logement, d'autres expriment des inquiétudes quant à un potentiel virage politique plus libéral.

Qui est Guillaume Kasbarian, le nouveau ministre du Logement ?

Député d'Eure-et-Loir sous l’étiquette Renaissance, Guillaume Kasbarian est âgé de 36 ans. Il s'engage en politique en 2016 pour soutenir Emmanuel Macron et le mouvement En Marche. Son ascension le conduit à la présidence de la commission des affaires économiques de l'Assemblée Nationale en 2022, témoignant de sa volonté de jouer un rôle clé dans les politiques économiques du pays.

C'est en 2022 et 2023 que Guillaume Kasbarian se fait connaître dans le secteur immobilier en portant, aux côtés d'Aurore Bergé, une proposition de loi contre l'occupation illicite des logements. Cette « loi Kasbarian » également surnommée "loi anti-squat", visait à durcir les sanctions envers les squatteurs et à accélérer les procédures d'expulsion en cas de loyers impayés. Son adoption avait été controversée, suscitant l'indignation des associations de défense des locataires et contre le mal logement, notamment la Fondation Abbé Pierre et Droit au logement.

Guillaume Kasbarian, ministre délégué chargé du Logement

Guillaume Kasbarian, nouveau ministre du Logement © Jean-Luc Hauser via Wikimedia Commons - Licence Creative Commons


L’accueil du nouveau ministre par le secteur immobilier

La nomination de Guillaume Kasbarian en tant que ministre délégué chargé du logement a également provoqué des réactions diverses au sein du secteur immobilier. Certains acteurs du secteur, tels que les promoteurs immobiliers et les constructeurs de maisons individuelles, saluent cette décision comme une opportunité de renforcer la politique du logement en France. Ils espèrent que le nouveau ministre continuera à soutenir les mesures de décentralisation des politiques du logement, visant à renforcer l'attractivité des programmes immobiliers et à redynamiser le marché.

Cependant, d'autres voix s'élèvent pour exprimer des inquiétudes quant à un potentiel virage politique du ministère du logement vers des prises de position moins sociales. Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, considère cette nomination comme "un signal clairement négatif". Selon lui, cela fait craindre une rupture en faveur d'une politique encore plus défavorable aux plus démunis. Il est important de noter que le logement social et l'accès au logement pour tous sont des enjeux majeurs en France, et toute décision politique dans ce domaine est scrutée de près par les associations et les acteurs du secteur.


Les défis de l'immobilier pour 2024

La nomination de Guillaume Kasbarian intervient à un moment où le secteur immobilier français fait face à de nombreux défis. La crise du logement, tant dans le neuf que dans l'ancien, est une préoccupation majeure pour de nombreux Français. Les prix de l'immobilier et la difficulté pour certains ménages à souscrire un crédit rendant l'accession à la propriété difficile pour de nombreux Français. De plus, la pénurie de logements abordables et la hausse des loyers dans certaines régions aggravent la situation.

Le secteur immobilier attend donc du nouveau ministre délégué chargé du logement des mesures concrètes pour répondre à ces défis. Parmi les priorités figurent la construction de logements abordables, la lutte contre les logements vacants, le renforcement de la régulation des loyers et la mise en place de politiques favorisant l'accession à la propriété. Les associations de défense des locataires et contre le mal logement, quant à elles, espèrent que le nouveau ministre maintiendra les politiques de protection des plus vulnérables et renforcera les mesures de lutte contre les logements insalubres. Ainsi Eddie Jacquemart, président de la Confédération Nationale du Logement n’a pas mâché ses mots : « C'est une véritable gifle à tout le secteur du logement ». Dès le 08 février, il a regretté la nomination d’un « ministre qui a passé une loi qui confond les mal-logés et les squatteurs ».

Emmanuelle Cosse, aujourd’hui présidente de l'Union Sociale pour l'Habitat mais qui a occupé le même ministère, a déclaré à l’AFP : « Je l'appelle clairement à renoncer à réformer la loi SRU qui serait une catastrophe pour l'égalité républicaine ».


Guillaume Kasbarian veut "Redonner confiance aux propriétaires"

Dans ses premières prises de paroles le nouveau ministre a expliqué vouloir redonner confiance aux propriétaires de logements vacants pour les inciter à les proposer à nouveau à la location.

Il a exprimé son envie de « simplifier les choses au maximum ». La première mesure annoncée concerne les diagnostiques de performance énergétique (DPE) qui, après quelques correctifs permettra à 140 000 logements de moins de 40 m² d’échapper au couperet destiné aux passoires thermiques : les étiquettes F et G).

Selon lui, « Il faut un choc d’offres pour permettre de débloquer la situation sur le marché de l’offre locative mais aussi sur l’offre de constructions neuves ». Le terme de choc d’offres, harangué dès 2017, n’a pour l’instant pas eu de résultat probant et l’ensemble des professionnels du Logement attendent des mesures fortes pour relancer la production de nouveaux programmes et soutenir à la fois l’accession à la propriété et l’investissement locatif. C’est à cette condition que l’on pourra espérer éviter la perte annoncée de dizaines de milliers d’emplois qualifiés dans toute la filière.


La nomination de Guillaume Kasbarian en tant que ministre délégué chargé du logement représente donc un nouveau chapitre pour le secteur immobilier français. Son parcours politique, marqué par son engagement en faveur des politiques économiques et de la loi "anti-squat", suscite à la fois des espoirs et des inquiétudes au sein de la filière. Alors que certains voient en lui un allié pour renforcer la politique du logement, d'autres craignent un virage politique défavorable aux plus démunis. Mais tous s’accordent à demander la mise en place d’une politique du Logement efficace.

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