Si le marché de l'immobilier tourne au ralenti, dans le Loiret, il ne connaît pas la crise, d'après Hervé Bléry, président de Century 21 France. La pierre reste, à long terme, un placement sûr et sans risque.
« Bien sûr que je me pose des questions, à quelques jours de signer mon compromis de vente », confie Frédérique, de Saint-Jean-de-Braye, en attente de la confirmation d'un prêt. « J'achète un bien et j'en revends un. Alors, je vais surtout essayer de ne pas trop perdre d'argent, d'autant que j'ai pris un prêt-relais... La situation économique étant ce qu'elle est, il est évident qu'on se demande si c'est le bon moment. Mais j'ai décidé de me lancer... » Apparemment, tous n'ont pas ce courage et l'inquiétude naissante des particuliers sur une possible crise de l'immobilier commence à se faire sentir.
« Il y a un peu plus d'attentisme », confie Bertrand Vinauger, directeur de Century 21 à Saint-Jean-de-Braye. « C'est vrai que les gens sont frileux, et le nombre de transactions a baissé », confirme ce notaire du Loiret. « Nous connaissons actuellement non pas une crise de l'immobilier, mais un marché d'ajustement consécutif à une crise financière », explique Hervé Bléry, président de Century 21 France. « Alors que, pendant dix années consécutives, les prix du neuf et de l'ancien ont flambé - ils ont été multipliés par 2,2 -, on amorçait en 2007 un atterrissage en douceur... Avant que n'intervienne la crise des subprimes qui, malgré ce qu'on a pu penser au début, a eu un impact sur nos banques », avoue-t-il.
« La rupture fait mal ! »
Interrogé sur les conséquences, Hervé Bléry explique : « Les banques ont changé leur politique. Nous sommes passés d'une logique de volume à des critères plus restrictifs, ou plutôt, disons plus conformes. Nous sommes ainsi revenus à des taux d'endettement à 30 %, voire en dessous, à des durées de prêt se limitant à vingt-cinq ans. Les banques veillent également, au niveau des petits dossiers, à ce que le revenu résiduel soit suffisant pour vivre. C'est en fait cette rupture qui fait mal ! » À cette vigilance portée aux dossiers, à cette crise de confiance, s'ajoutent l'augmentation des taux de crédit (actuellement, environ à 5,5 % sans les assurances) et un marché de l'immobilier en patchwork.
« Quand ça a flambé fort, ça descend fort, en particulier dans les zones rurbaines », explique ainsi Hervé Bléry. « Mais les prix se maintiennent. Par exemple, dans le Loiret, sur le troisième trimestre 2008, le prix au m2 d'une maison a augmenté de 1,26 %. Et même si, pour un appartement, le chiffre tombe à - 4,20 %, il n'y a rien de véritablement alarmant. Les prix avaient tellement augmenté. L'important, pour un vendeur, en ce moment, est de se mettre au bon prix dès le départ, sinon c'est vrai qu'il risque d'être pénalisé... »
« Le marché existe malgré la baisse des transactions », poursuit Michel Menand, conseiller financier en immobilier sur la région Centre pour Nexity. « Et je continue à monter des dossiers de financement. En octobre, par exemple, j'ai monté 111 dossiers, dont 65 ont été finalisés... »
Pour l'avenir
Certes, mais dans les mois à venir ? S'il n'a pas de boule de cristal, le président de Century 21 France prévoit pour le public une baisse des taux au premier trimestre 2009. « Les banques centrales vont baisser leur taux de base, mais cela ne va pas se répercuter tout de suite, parce qu'elles vont d'abord se reconstituer une marge. Concernant les prix de l'immobilier, ils vont continuer à s'ajuster, poursuit Hervé Bléry. Ce qui est sûr aussi, c'est que dans les trois ans, il y aura moins de produits locatifs neufs du fait de la suspension de certains programmes immobiliers (...) La pierre reste cependant une vraie valeur refuge. Et cela ne fait aucun doute : alors que la bourse s'écroule, l'immobilier, lui, n'est pas un produit spéculatif et reste un bon produit d'épargne et de capitalisation. C'est un investissement de père de famille... »